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Gustave Moreau
31 mars 2008

Proposition

Les prétendants 1852 Huile sur toile (source: http://www.musee-moreau.fr)
3,85 x 3,43 m Musée Gustave Moreau
L'oeuvre relate la vengeance d'Ulysse (livre XXII de l'Odyssée). Il massacre les princes qui tentaient de séduire Pénélope, sa femme, pendant son absence. Athéna est au centre du tableau et domine la scène. Le héros Ulysse se tient armé en haut des escaliers, au fond de la salle du palais, dans l'encadrement de la porte.

Le peintre retravaillera le tableau en plusieurs étapes en ajoutant au fur et à mesure des personnages qui ne semble pas selon lui prendre part au drame qui se déroule pour mener à ce qu'il définira comme une scène "toute matérielle de boucherie". Ce jeu des contrastes contribue pourtant à mettre en avant la beauté plastique des corps.

Moreau notera à son propos : "Et la lyre et le chant semblaient résonner encore au milieu de cette tempête de cris, de rage et de douleur. Et le bruit de la corde stridente de l'arc résonnait aussi d'une façon rythmique, quand la Minerve hirondelle eut dressé l'égide sanglante au plafond".

Oedipe et le sphinx 1864 Huile sur toile - 206 x 105 cm
New York, Metropolitan Museum

(source://www.latribunedelart.com, article de J.David Jumeau-Lafond, historien de l'art)

C'est un thème qui fut déjà représenté par Ingres en 1808 Oedipe explique l'énigme du sphinx (musée du Louvre). Les deux peintres choisirent de relater la scène où le héros est confronté au sphinx. En revanche , l'oeuvre de Ingres incarne une conception littéraire et classique du mythe où le héros médite sur les questions posée par la créature.

Moreau quant à lui représente un combat à la fois physique et spirituel, et inclue l'aspect charnel du corps à corps entre les deux personnages. Le sphinx, montré comme une créature androgyne, est l'allégorie de la perfection, idéal que le héros cherche à atteindre. 

Dans le commentaire rédigé à propos de la toile de 1864, Gustave Moreau souligne la dimension combative de son héros : « Mais l’âme forte défie les atteintes enivrantes et brutales de la matière et, l’œil fixé sur l’idéal, il marche confiant vers son but après l’avoir foulée aux pieds ».

Oeuvre qui rendu célèbre le peintre lors de son exposition au salon de 1864.

Barbey d’Aurevilly, salon 1864:

« L’attitude d’Œdipe est belle ; il est impassible devant l’étreinte de cette question vivante ; il a dans le regard une assurance pleine de foi ; il domine le monstre par l’imperturbable sang-froid avec lequel il l’accueille. »

La représentation de ce combat peut sembler faire écho au combat mené par le peintre auprès de son public pour défendre son idéal artistique et son style de ramener le mythe à une dimension individuelle. Parmi les notes du peintre, on relève cette réflexion déterminante : « Que les grands mythes antiques ne soient pas continuellement traduits en historiographes, mais en poètes éternels, car il faut enfin sortir de cette chronologie puérile qui force l’artiste à traduire les temps limités au lieu de traduire la pensée éternelle. Pas la chronologie du fait, mais la chronologie de l’esprit. Odilon Redon sera influencé par son audace.

Orphée 1865 huile sur bois (155 sur 99,5 cm) musée d'Orsay

(source: musée d'Orsay; http://www.cndp.fr/revue article "une figure obsédante" de Marie-Cécile Forest conservateur et directrice du musée Gustave Moreau)

Le peintre s'inspire du récit d'Orphée dans les Métamorphoses d'Ovide. Poète-musicien faisant louange des légendes de Thrace, il a le don de charmer tout ce qui existe sur terre, les humains comme les animaux , les plantes et les pierres. A la mort de sa bien-aimée Eurydice, Hadès l'autorise à la ramener chez les vivants à condition de ne pas se retourner. Ayant enfreint cette règle, il la perd à jamais. Alors Il charme par mégarde les Ménades, créatures en furie, qui le mettent en pièces.

Le peintre choisit de représenter le moment où une jeune fille thrace recueille sa tête. Il invente une véritable iconographie car la plupart des scènes que les peintres s'approprient concernant le mythe représentent habituellement Orphée charmant les animaux, Orphée et Eurydice ou encore Orphée aux Enfers. La scène baigne dans un univers semi-fantastique. Le peintre pose ici les jalons de son art avec sa lumière crépusculaire. Il atteindra sa maturité vers 1870 où il peaufinera ses clairs obscurs dorés et une atmosphère sensuelle et mystique.

Dans un compte rendu du Salon paru dans "le moniteur universel" du 15 mai 1866, Théophile Gautier parle d'une vraie nouveauté iconographique et établit un parrallèle entre la tête d'Orphée reposant sur sa lyre etcelle de Saint Jean Baptiste portée par la princesse Hérodiade sur un plateau d'argent.

Ce tableau fait partie d'une série, avec deux autres oeuvres "Orphée sur la tombe d'Eurydice" et "Orphée mort", inspirée du mythe.

Galatée 1880  huile sur bois (85,5 sur 66 cm) musée d'Orsay

(source: musée d'Orsay)

Gustave Moreau s'est inspiré de la 12ème fable du livre XIII des Métamorphoses d'Ovide pour évoquer l'allégorie de la femme comme l'incarnation de l'idéal inaccessible. On sait également que deux reproductions de la Renaissance, l'une étant le triomphe de Galatée par Raphaël; l'autre le Polyphème de Sebastiano del Piombo, étaient accrochées dans sa salle à manger et auraient suscité son intérêt pour le mythe. Le géant monstrueux Polyphème jalouse l'amour que porte Galatée, une belle néréide, envers le berger Acis. Il propose une relecture personnelle du mythe en plongeant la scène dans un univers féerique et en rendant l'expression mélancolique de Polyphème profondément humaine.

Il souligne la distanciation entre les deux personnages par un fort contraste des lumières, le corps de la néréide est resplendissant, lumineux tandis que le géant reste dans l'ombre. Le changement d'échelle entre Polyphème et Galatée est redondant avec le changement d'échelle entre le corps de celle-ci et des minuscules néréides formées dans un décor végétal de plantes aquatiques et de coraux, minutie propre au peintre qui a travaillé à partir d'un ouvrage de botanique marine conservé au museum d'histoire naturelle où Moreau s'était inscrit comme étudiant libre en 79. La modernité ou l'originalité de l'oeuvre est aussi rendue par une technique de frottage et de grattage qui lui confère un aspect minéral semblable à celui des émaux. C'est avec cette oeuvre exposée au salon de 1880, dernier auquel il participe, qu'il marque l'apogée de sa carrière.

Le Jeune Homme et la Mort 1881   (36 sur 22, 8 cm) musée d'Orsay
Aquarelle sur traits de crayon, avec rehauts de gouache blanche. Contours repris à la plume et encre brune.

(source: musée d'Orsay)

Cette aquarelle est la reprise d'un tableau présenté au salon de 1865 et qui rend hommage au peintre Chassériau, mort à l'âge de trente-sept ans en 1856. En 1881, il reprend le thème pour Charles Hayem, un fidèle amateur et collectionneur de ses oeuvres.

L'iconographie est totalement personnelle. Le jeune artiste Chassériau se couronne des lauriers d'Apollon à l'entrée du royaume des morts. La mort prend l'allure d'une femme, endormie paisiblement portant l'épée et le sablier, ses pieds ne touchent pas le sol. Elle est indifférente à la scène. Moreau n'opte pas pour une icône emblêmatique comme un vieillard ou un squelette, ce qu'il avait pourtant envisagé. La composition est harmonieuse, l'univers est toujours teinté d'onirisme et de surnaturel afin de tendre vers une relecture originale du thème.

L'Apparition 1876, aquarelle (106 sur 72,2 cm) musée d'Orsay

(source: musée d'Orsay)

Gustave Moreau s'inspire des Evangiles pour réaliser la scène de la danse de Salomé envoûtant le gouverneur Hérode Antipas, l'époux de sa mère. La tête de Saint Jean Baptiste qu'elle obtiendra comme récompense lui apparaît comme une hallucination.

Le peintre a reconstitué un décor de palais semblable à celui de l'Alhambra. L'orientalisme de l'oeuvre souligne une étude minutieuse des détails, perfectionnisme qui s'ajoute à une maîtrise de techniques picturales complexes comme le travail de rehauts, le grattage et les incisions.

Au Salon de 1876, l'oeuvre est acquise par le marchand belge Léon Gauchez. Celui-ci la prête l'année suivante pour la première exposition de la Grosvenor Gallery à Londres et ainsi se diffuse en Europe dans les milieux arrtistiques et  littéraires.

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